Un immeuble déclaré en péril représente bien plus qu’une simple contrainte administrative : c’est une décision grave, prononcée par la mairie, visant à protéger la sécurité publique. Ce dispositif intervient lorsqu’un bâtiment présente un danger pour ses occupants ou pour les passants, qu’il s’agisse de fissures structurelles, d’effondrements partiels ou de dégradations majeures.
Dans ce contexte, l’arrêté de péril engage directement la responsabilité du propriétaire, qui doit réaliser des travaux de mise en sécurité ou supporter des restrictions d’usage. Mais au-delà des obligations, une question essentielle se pose : quels sont vos droits en tant que propriétaire ? Quelles indemnisations espérer face à l’impact financier souvent considérable ? Cet article vous guide à travers les procédures, recours et aides disponibles, afin de vous donner une vision claire et concrète de vos possibilités en cas d’arrêté de péril.
Quand un immeuble est-il déclaré en péril ?
Un immeuble peut être déclaré en péril lorsqu’il représente un danger imminent ou avéré pour la sécurité des personnes. La procédure est encadrée par le Code de la construction et de l’habitation, et initiée par la mairie.
Critères de dangerosité
Les signaux qui peuvent alerter les services techniques municipaux ou un expert mandaté sont variés :
- Fissures structurelles profondes et évolutives ;
- Affaissements de planchers ou de toitures ;
- Murs menaçant de s’effondrer ;
- Dégradations dues à l’humidité ou aux infiltrations compromettant la stabilité ;
- Éléments de façade instables (corniches, balcons).
Procédure d’inspection
Lorsqu’une alerte est donnée, la mairie fait procéder à une inspection du bâtiment par ses services ou un expert indépendant. Si un danger est constaté, un arrêté de péril est pris. Deux types existent :
- Le péril simple : le danger est réel, mais ne nécessite pas une évacuation immédiate. Le propriétaire est sommé de réaliser des travaux dans un délai donné.
- Le péril imminent : le risque est immédiat et la mairie ordonne l’évacuation des lieux, avec parfois la mise en œuvre de mesures d’urgence (étaiement, sécurisation du périmètre).
Obligations du propriétaire
Une fois l’arrêté notifié, le propriétaire doit :
- Réaliser à ses frais les travaux prescrits, dans les délais impartis ;
- Garantir la sécurité des tiers en attendant l’intervention ;
- Respecter les interdictions d’usage éventuelles (logement ou local inhabitable).
En cas de non-respect, la mairie peut exécuter les travaux d’office, avec récupération des coûts auprès du propriétaire.

Quels sont les droits des propriétaires ?
Si l’arrêté de péril met en lumière vos obligations, il ouvre également certains droits, souvent méconnus.
Recours possibles
Un propriétaire peut contester un arrêté de péril s’il estime la décision injustifiée ou disproportionnée. Le recours peut être administratif (demande de révision auprès de la mairie) ou contentieux (tribunal administratif). Dans ce cas, une expertise contradictoire est souvent utile pour appuyer le dossier.
Aides financières et subventions
La réalisation des travaux de mise en sécurité peut bénéficier d’aides :
- L’Agence nationale de l’habitat (ANAH) peut attribuer des subventions pour la rénovation lourde.
- Certaines collectivités proposent des aides locales pour la sécurisation des immeubles anciens.
- Des prêts à taux bonifiés peuvent être sollicités auprès de banques partenaires.
Assurances et garanties
Selon la nature des désordres, différentes assurances peuvent intervenir :
- L’assurance multirisque habitation peut couvrir certains dommages si un sinistre (infiltration, catastrophe naturelle) est à l’origine.
- L’assurance décennale de l’entreprise ayant réalisé des travaux récents peut être activée en cas de malfaçon.
- Dans le cadre d’un arrêté de péril lié à une catastrophe naturelle reconnue par arrêté ministériel, une indemnisation spécifique peut être déclenchée.
Cas d’évacuation forcée
Si le péril est imminent, les occupants doivent quitter les lieux. Le propriétaire reste tenu de reloger les locataires. En cas d’impossibilité, la mairie peut se substituer, mais elle se retournera ensuite contre le propriétaire pour remboursement.
Responsabilités civiles et pénales
Le propriétaire d’un immeuble en péril engage sa responsabilité :
- Civile, vis-à-vis des occupants ou tiers en cas de dommages (chute de matériaux, blessure).
- Pénale, si une négligence ou un refus d’exécution des travaux entraîne un accident grave.
Quelles démarches pour obtenir une indemnisation ?
Obtenir une indemnisation est possible, mais sous conditions.
Constitution d’un dossier solide
Il faut réunir :
- L’arrêté de péril et ses prescriptions ;
- Les rapports d’expertise établissant les causes du danger ;
- Les factures et devis des travaux imposés ;
- Les preuves de pertes locatives si des logements ont dû être évacués.
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Conditions d’éligibilité
L’indemnisation dépend de la cause des désordres :
- Si le péril résulte d’une catastrophe naturelle reconnue, les propriétaires peuvent être indemnisés par leur assurance.
- En cas de malfaçon de travaux récents, c’est l’assurance décennale qui prend le relais.
- Si la responsabilité est partagée (par exemple, infiltration liée à un réseau public défaillant), un recours contre la collectivité est envisageable.
Interlocuteurs à contacter
- La mairie, pour les aides locales et le suivi de l’arrêté ;
- L’assureur, pour les déclarations de sinistre ;
- Un expert bâtiment indépendant, afin de documenter précisément les désordres et défendre vos intérêts ;
- Le tribunal administratif, si un contentieux est engagé.
Immeuble en péril indemnisation propriétaire, nos conclusions
Un immeuble déclaré en péril n’est jamais une situation à prendre à la légère. Si les obligations qui en découlent peuvent sembler lourdes, il existe des droits et des recours pour accompagner les propriétaires face aux conséquences financières. Recours, indemnisations et aides sont autant de leviers à activer, à condition de disposer d’un dossier clair et bien construit. Dans tous les cas, le recours à un expert bâtiment indépendant reste une étape incontournable pour sécuriser vos démarches, contester un arrêté si nécessaire et défendre vos intérêts en cas de procédure d’indemnisation.